Portrait d’associée – Flore Marquis

PORTRAIT D’ASSOCIÉE #3

Flore Marquis

FLORE MARQUIS, entrepreneure, Vienne.

Création graphique et risographie (Des courants d’air / Risolution).

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Quel est ton métier et qu’est-ce qui t’a attirée dans ce métier ?

Mon métier actuellement c’est de concevoir des supports de communication, surtout destinés au papier, car j’ai un métier d’imprimeur. J’ai été formée pour cela et c’est un peu ma spécialité : concevoir des images et les imprimer en risographie. J’ai fait des études de communication visuelle en graphisme, édition et publicité.

Il m’arrive aussi de travailler sur des sites Internet en partenariat avec des webmasters. Je m’occupe de toute la partie créative et la charte graphique. Mais j’aime bien le papier. Ça ne bouge pas.

J’ai toujours dessiné, pris des cours. Ça m’a emmenée à la fac d’arts plastiques à Toulouse et puis en BTS arts appliqués à Quimper. Les arts appliqués me permettaient d’avoir des compétences qui allient la créativité et les arts plastiques avec un usage concret. Ce n’est pas une démarche artistique pure, qui ne me correspondait pas vraiment je crois. L’art doit aussi circuler dans nos actions du quotidien et on doit tout faire pour que ce soit possible.

Comment qualifierais-tu ton rapport à la création, l’art, la culture ?

C’est un rapport de chaque minute. C’est une façon de vivre qui s’impose. Quand on est dedans on ne le décide pas. On peut toujours faire la démarche d’y rentrer mais c’est une espèce d’attention permanente à tout ce qui se passe, que ce soit sonore, visuel, sensitif.

C’est ça la créativité pour moi. Après, il s’agit de la contenir, de lui donner une forme, de lui donner du sens. C’est exaltant et épuisant à la fois, ça nourrit et ça questionne sans arrêt.

A quel moment de ton parcours et pourquoi as-tu rejoint Consortium Coopérative ?

Je suis arrivée à Consortium Coopérative dans un moment de ma vie où j’avais besoin d’un plus grand ancrage et d’un statut rigoureux.

J’étais alors, à la fois artiste-auteure à la Maison des Artistes et salariée au service communication du Rectorat. Là-bas j‘y ai appris beaucoup de choses sur la communication institutionnelle, même si la partie créative était plus limitée. Toute mon activité indépendante reliée à la Maison des Artistes était aussi passionnante, mais on est très esseulés avec ce statut, très indépendants, presque trop.

J’avais également besoin de perspectives plus sécurisantes : des relations et des échanges, un statut, un environnement, un cadre qui me permettent de voir un peu plus loin et de m’organiser. De par ma vie privée à ce moment-là et de tout ce qui se passait, je souhaitais vivre d’une activité artistique entrepreneuriale – souvent impermanente – avec sérénité. Et puis je n’en suis jamais partie parce ça me convient très bien.

Qu’est-ce qui a fait que tu es restée ?

Je travaille dans mon atelier aux Usines, où l’équipe d’appui de Consortium Coopérative a ses bureaux. Ça m’est arrivé d’y aller directement quand j’avais une question à poser. Il y a toujours quelqu’un pour échanger, c’est très agréable.

Et puis j’aime beaucoup rencontrer les autres entrepreneurs et faire vivre la coopérative ensemble. On peut répondre à des appels d’offres en partenariat avec plusieurs corps de métier et d’autres compétences. C’est comme une grande famille sur laquelle on peut compter plus facilement. On se sent tous reliés. Il y a une plus grande fluidité dans les échanges, dans la mise en contact. Pour l’instant, appartenir à cette coopérative est une évidence.

Et pourquoi cette coopérative en particulier ?

À l’époque j’avais commencé à faire des démarches pour intégrer Aceascop à Châtellerault, qui est une CAE généraliste. Un ami qui travaillait à la CRESS m’avait dit qu’une coopérative dédiée aux métiers artistiques était en train de se monter à Ligugé et que ça valait peut-être le coup d’attendre quelques semaines.

Ce que j’ai fait ! J’étais là, j’attendais fermement que Consortium Coopérative sorte de terre. C’était un vrai choix de venir dans cette coopérative en particulier. C’était aussi une belle synchronicité.

Est-ce que ton rapport à l’entrepreneuriat a évolué ?

Ça a fait évoluer la vision de mes clients. Mais peut-être que c’est la mienne qui a changé finalement !

J’ai communiqué autrement sur ce que je faisais et comment je le faisais. J’ai eu la sensation de recevoir une crédibilité augmentée parce qu’il y avait une structure plus grande derrière moi. Peut-être qu’on me prenait moins pour une petite graphiste toute seule perdue.

Je me souviens qu’à l’époque je galérais pas mal pour relancer certains clients sur des factures. Une fois à Consortium Coopérative je pouvais dire « on m’a prévenue que la facture n’avait pas été payée ». Je n’étais plus seule à bord et c’était plus facile pour moi. Tous les devis, les relances clients, ce n’est pas de la créativité du tout et c’est compliqué, ça demande de l’énergie.

Peux-tu nous parler de projets avec d’autres membres de la coopérative qui t’ont marquée ?

C’était souvent sur des sites internet. Comme je crée en général avec des contraintes bien spécifiques au papier, j’avais en tête sur ces projets qu’il fallait que ce soit déclinable pour le web, pour le numérique. Ça demande de faire une gymnastique différente, de régler autrement les réflexes et de changer de point de vue. Ça apporte aussi de nouvelles choses sur la façon de penser, d’avancer, d’être en contact… c’est super intéressant.

Dernièrement, on a fait une carte avec Johann David, qui est un développeur et qui a apporté son savoir-faire pour réaliser un zonage avec des formules. Un truc que je n’aurais jamais pu faire de mon côté. J’ai mis ensuite des couleurs, du texte, j’ai fait tout beau. C’est super de pouvoir répondre à des demandes complexes plutôt que refuser parce qu’on n’aurait pas toutes les compétences : on trouve une solution pour y répondre grâce aux autres. J’aime bien ce partage des opportunités.

Quels sont tes projets ?

J’ai travaillé avec Chantier Public, qui est une association qui fait de la médiation culturelle à Poitiers dans l’espace urbain. Avec Louisa Degommier, on a conçu une carte sensible de la résidence Rivaud à Poitiers, grâce à des ateliers sur place avec les résidents et les personnes de passage sur le lieu.

Le travail d’intervention artistique et de psychologie urbaine c’est vraiment quelque chose en terme de graphisme ! Il faut trouver comment symboliser, comment visualiser le mouvement du quotidien. C’est de la sociologie urbaine graphique. Un grand espace de sciences humaines toutes mêlées et racontées sur une carte. Je trouve ça passionnant. Si j’avais un peu plus le temps j’aimerais bien développer davantage ce type de projets.

J’ai aussi un projet de publication de magazine pour BocUp, des livres de cuisine, des logos et des petits objets éditoriaux mais pas que, enfin il y a toujours plein de choses dans les tuyaux et tant mieux !

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Entretien réalisé au cours de l’été 2021, par Zoé Moreau.
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