Portrait d’associés – Grégory Gourloi & Yehoon Kim

PORTRAIT D’ASSOCIÉS #9

Grégory Gourloi & Yehoon Kim

GRÉGORY GOURLOI & YEHOON KIM, entrepreneurs, Vienne.

Artiste textile et développement commercial (ZOYE).

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Parlez-nous de votre métier. Quels ont été vos parcours ?

Greg – Yehoon est styliste et artiste textile. Elle a toujours eu une fibre artistique. Elle a vécu une partie de son enfance chez sa grand-mère en Corée du Sud, qui l’a très tôt initiée à la couture, à reconnaître les plantes et à pratiquer la teinture naturelle. À l’école elle était très bonne élève, mais toujours artiste dans l’âme. En Corée tu peux t’orienter très tôt vers des filières artistiques. Donc elle a fait un lycée où ils apprennent à comprendre la nature, la peinture, la céramique, etc.

Elle a ensuite fait une école – Korean Culture and Heritage – où l’on apprend les techniques artisanales anciennes, la fabrication de costumes traditionnels Coréens, l’art bouddhiste dans toute sa diversité. Ils faisaient de la réparation, de la restauration de peintures dans des temples et aussi de vieux vêtements qu’ils exposent après dans des musées. Elle a travaillé au Japon à Kyoto, au musée de Shanghai…

C’est la seule école en Corée de ce style et qui est soutenue par l’État. Ils payent les étudiants pour venir, c’est très sélectif. Fait rare, car normalement l’éducation est très chère en Corée du Sud. C’est un pays ultra libéral donc c’est soit tu payes soit tu n’étudies pas.

Moi j’ai un parcours atypique. Je travaille depuis l’âge de 17 ans. J’ai fait plein de petits boulots jusqu’à 20 ans. Puis j’ai travaillé en restauration pendant 13 ans. Serveur, barman et maître d’hôtel. Principalement en saison en France puis à l’étranger à Londres et New York.

J’ai ensuite été commercial pour SFR et Canal + pendant 3 ans. Aucune fibre artistique, à part un peu la musique. [rires]

Yehoon – Korean Culture and Heritage est une très petite université, il n’y a pas beaucoup d’étudiants. C’est une école très précieuse pour moi, ça touche à la culture et puis surtout aux vêtements.

Ensuite j’ai fait un master design textile pur et dur de 3 ans à Séoul, à la Ewha University. J’ai créé ma marque, qui s’appelait « Adhérer » et je faisais principalement des châles et des structures en textile, très artistiques. Des grandes pièces de trois mètres de haut, vraiment artistiques pour le coup. Ça c’était en 2011, il y a dix ans !

Je suis ensuite allée aux États-Unis pour faire un stage à Los Angeles dans une entreprise de textile. C’était trop commercial et pas très artistique donc j’ai décidé d’aller à New York pour rencontrer d’autres d’artistes au Haring Atelier. Environ 200 personnes travaillent ensemble dans le même immeuble.

Greg – J’ai des attaches à New York j’y allais régulièrement et on s’est rencontré à Brooklyn, en 2014. Yehoon étudiait au Fashion Institut of Technologie and Art, c’est une grosse école. Ensuite elle partait à Londres pour intégrer une autre école, la Saint Martin’s school of art and design.

J’avais moi-même terminé mon voyage à New York et connaissait très bien Londres, donc je lui ai proposé de se retrouver en Angleterre pour lui faire visiter !

Après je lui ai montré Poitiers, la France, un petit peu. Elle a adoré. On a commencé à imaginer faire notre vie ici en France et plus particulièrement à Bordeaux au début. Mais on a vite changé d’avis car on était vraiment au calme à Poitiers.

On a décidé de travailler ensemble. Mettre mes compétences de management et de commercial au service de sa marque, ce qui lui permettrait de se focaliser sur la création. J’aime l’entrepreneuriat, être à son compte, être libre d’organiser son temps de travail, faire de la comptabilité… J’adore la vente, être à la boutique Plage 76 par exemple.

Au bout d’un an on s’est dit qu’on allait changer le nom de sa marque en gardant l’esprit. On a choisi ZOYE, c’est un mélange entre le second prénom de ma grand-mère « Zoé » et « Yehoon ». Et en Coréen selon comment tu l’utilises, ça peut vouloir dire l' »excellence ».

Une fois bien installés en France, on ne savait pas comment faire : si on devait se mettre en auto-entrepreneur, micro-entreprise, SARL… il y a plein de statuts. J’avais un ami, Simon Larré, qui travaillait déjà à Consortium Coopérative. Il nous a mis en relation avec l’équipe d’appui. On s’est retrouvés tout de suite dans ce concept et mode de fonctionnement, donc on a rejoint la coopérative en 2016. 

Comment vous définiriez votre rapport à l’art et à la création ? 

Yehoon – Lorsque je vois les débuts de ma vie artistique, j’étais très curieuse des techniques traditionnelles. J’aimais la teinture naturelle. J’utilisais beaucoup de choses naturelles pour faire de la couleur.

Maintenant, pendant le processus de création de mes œuvres d’art et de mes collections, j’utilise du textile et du métal en les mélangeant pour créer des formes bizarres. Je développe davantage l’aspect « comment » utiliser mes œuvres dans la vie, donc je pense que j’ai trouvé un lien entre gagner de l’argent et faire de l’art en même temps.

Je suis entrepreneure et aussi artiste. Donc honnêtement, quand je commençais à travailler uniquement sur commande avec ma marque, c’était difficile parce que je perdais mon temps à me concentrer sur mon art et en même temps je devais gagner de l’argent pour survivre dans un pays étranger.

Après cinq ans chez Consortium Coopérative je ressens une sorte d’équilibre entre ma vie d’artiste et aussi ma vie d’entrepreneure. J’ai aussi pu rester en France grâce à Consortium Coopérative et j’en suis infiniment reconnaissante. C’est une grande chance de travailler avec d’autres artistes, de se voir et d’interagir les uns avec les autres. Après cinq ans, je peux dire que je suis très satisfaite de cette équilibre de vie.

Vous arrivez à vivre de votre activité ?

Greg – Depuis deux ans, on s’en sort. On arrive à payer notre loyer, se nourrir, mettre de l’argent de côté et à partir en vacances un petit peu. On n’est pas riches, mais on est super heureux.

La manière dont on travaille a vachement évolué. Au début on ne savait pas trop ce qu’on faisait, enfin surtout moi ! Il y a des choses que je ne maîtrisait pas du tout, donc on a appris sur le tas. Mais on est extrêmement complémentaire. Je suis un peu la carrosserie, la face visible, et Yehoon est le moteur de ZOYE.

On a fait beaucoup de salons, au début on se cherchait un peu : est-ce qu’il fallait faire des salons de créateurs, des braderies, des marchés de Noël…? On a décidé de tout faire ! ZOYE était partout en France et on rencontrait des créateurs, des clients, des organisateurs d’événements, des propriétaires de boutiques. C’était hyper intense et excitant.

En fait, l’année dernière ça devait être notre dernière année de salons/marchés, on avait un gros programme, comme les musiciens avec leurs festivals, une grosse tournée prévue pour 2020. C’est tombé à l’eau en raison du Covid. Mais étrangement l’année dernière on a fait beaucoup de masques en tissu, des milliers à deux, ça nous a sauvé notre année !

Il y a des rencontres qui vous ont marquées au sein de la coopérative ?

Greg – Déjà, au départ, l’équipe d’appui – Christine, Julie, David et Pauline – ont été importants pour nous parce que dès le début on s’est sentis bien à Consortium Coopérative.

Yehoon – A Plage 76 j’ai pu rencontrer des supers artistes comme Marie Gauthier, Maïa Commère, Chloé [PenaSim illustration] et j’en oublie ! Mais la vraie rencontre c’est l’ami de Greg : Simon Larré. Il est vidéaste, il a fait deux vidéos de mon travail à New York et à Paris C’était une très bonne collaboration.

Il y a aussi Nikosono qui est photographe et qui me donne des conseils sur la façon de prendre des photos, quel type d’arrière-plan peut être bon pour ma texture, mon travail. Son travail est très inspirant, il a beaucoup de techniques.

Qu’est-ce que ça vous apporte professionnellement comme personnellement d’être à Consortium Coopérative ?

Greg – La sérénité, de la tranquillité et des opportunités. 

Qu’est-ce que ça représente pour vous d’être associés de la coopérative ?

Greg – C’est un aboutissement. C’est une marque de confiance et on est fiers quelque part.

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Entretien réalisé au cours de l’été 2021, par Zoé Moreau.
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