PORTRAIT D’ASSOCIÉ #4
David Berger
DAVID BERGER, équipe d’appui, Deux-Sèvres.
Responsable administratif, comptable et financier.
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Peux-tu nous parler de ton métier et de ton parcours ?
Je suis responsable comptable et financier. C’était mon poste avant d’intégrer la coopérative.
Mon parcours : lycée, BTS comptabilité gestion à La Rochelle. Et puis, je me suis mis en quête d’un job à la sortie de l’école, j’ai travaillé dans deux cabinets comptables pour me faire un peu les dents sur la formation que j’avais menée pendant deux ans.
Et puis, très vite, je ne me sentais pas à ma place et donc j’ai décidé de chercher un travail plutôt dans le milieu associatif. J’ai travaillé pendant douze ans au sein de deux associations, une association de services à la personne et en parallèle, une autre association, plutôt dans l’aide à l’insertion professionnelle.
À un moment donné, je me suis dit que j’avais fait le tour. Je souhaitais soit me réorienter, soit chercher un métier similaire puisque j’avais déjà les diplômes, la qualification, les expériences. Et donc j’ai décidé de mettre un stop. Et je suis parti, en octobre 2015.
Et là l’inconnu, période de chômage forcément, parce que j’avais négocié une rupture conventionnelle. Et puis l’idée de me former, ne sachant pas trop vers quoi me tourner, à l’époque. Je me suis dit bon, on va temporiser et je vais plutôt faire une VAE (Validation des Acquis de l’Expérience). Ça permet de mettre en adéquation à la fois ton expérience, des compétences acquises, et en face, de trouver le diplôme qui correspond textuellement à ce que tu vaux sur le marché de l’emploi. C’est ce que j’ai fait pendant un an. J’ai validé ce diplôme. C’était une licence management, spécialité comptabilité et paye.
Et puis en février 2016, j’ai rejoint l’équipe de Consortium Coopérative. J’ai contacté Christine Graval et Julie Bernela [cogérantes de la coopérative], j’ai envoyé mon CV, ma lettre de motivation. C’était un peu l’inconnu. En fait, je me suis dit « pourquoi pas ? et même si je ne suis pas pris, j’aurais eu l’occasion d’avoir un autre avis sur un autre monde du travail ». J’ai mis toutes les chances de mon côté pour intégrer une structure qui était en création.
Faisais-tu déjà de l’accompagnement dans ton ancien travail ?
Pas du tout. Justement, c’était une volonté de ma part de sortir un peu du contexte d’être toujours assis devant son PC. Et puis de pouvoir aller plus vers des relations humaines. Moi, c’était banco. Une envie d’être à côté d’eux, en appui.
Les entrepreneurs sont arrivés au fil de l’eau fin février 2016, je crois. Moi je suis arrivé début février, fallait pas trop traîner sur la création d’outils. Il y avait tout à tout à faire, donc c’était super, tout s’est bien passé.
Et puis, petit à petit, j’ai souhaité candidater en tant qu’associé. Donc, j’ai posé ma candidature qui a été acceptée lors d’une assemblée générale. C’était aussi l’occasion de pouvoir s’appuyer sur comment organiser la vie collective et coopérative de la structure, en parallèle de mon travail quotidien.
Pourquoi as-tu voulu devenir associé ? Ça représentait quoi pour toi ?
Pour moi, c’était quelque chose d’assez fort, qui permettait d’être vraiment dans le processus global que propose la SCOP. Pouvoir prendre des décisions en assemblée générale, pour moi, c’était une volonté de participer à la gouvernance de la coopérative.
Pourquoi ce type de structure ?
Une approche différente, une envie, une curiosité, de découvrir d’autres métiers. Je gère à la fois la comptabilité de la structure, mais aussi toute la comptabilité de tous les entrepreneurs.
Comment définirais-tu le terme de « coopération » ?
Pour moi, elle se fait à la fois, entre entrepreneurs et l’équipe, et entre l’équipe et les entrepreneurs : une horizontalité. C’est une collaboration sur des projets, c’est une manière d’entreprendre autrement au sein d’un collectif.
Ça peut susciter des idées ou de nouvelles orientations. Et puis aussi, être dans une Coopérative d’Activité d’Emploi en SCOP, dans un réseau, c’est aussi faire la promotion de l’Économie Sociale et Solidaire.
On offre la possibilité, aux entrepreneurs de reprendre confiance en eux, de participer à un collectif, de ne pas se sentir seul et puis d’avancer, à leur rythme.
Que penses-tu apporter à la coopérative?
Je pense que chacun apporte sa pierre à l’édifice en fonction de ses compétences. Il y a aussi l’aspect social (l’envie de nouer des liens sociaux), l’aspect économique (aider les entrepreneurs à vivre de leur activité). Être là pour rassurer les uns ou les autres sur des moments de tension qu’il peut y avoir. C’est aussi être présent, en soutien à l’équipe et ça c’est important.
Comment vois-tu l’avenir en tant qu’associé et quels sont tes projets ?
L’idée, c’est de travailler ensemble sur le projet de la vie coopérative, le projet politique de Consortium Coopérative et justement, de ne pas être comme tout le monde. C’est à dire d’être nous. Mais nous, comment ? C’est ça qu’on veut construire demain. Ça, c’est notre fil rouge.
Et puis après moi, mes projets, pour le moment, c’est continuer ce que je fais. Former aussi des collaborateurs ou collaboratrices sur le poste d’assistante ou d’assistant comptable. Et puis c’est faire plus d’accompagnement sur des thématiques autour des chiffres : comment fixer ses prix, comment se vendre au bon prix, comment construire un budget prévisionnel ? Tout ça je le fais déjà, mais j’aimerais aller un peu plus loin.
Et puis venir aussi en soutien, comme toujours de Julie et Christine sur les temps d’accompagnement. Ce qui est important, c’est se développer dans de nouveaux projets sans perdre son âme de départ, rester soi-même.
Est-ce que tu veux rajouter quelque chose pour les personnes qui vont te lire ?
Juste un point, parce que la loi dit que lorsqu’un porteur de projet intègre la coopérative au bout de trois ans, il doit faire le choix de candidater au sociétariat.
Trois ans, c’est à la fois court, à la fois long, dans la période qu’on traverse. Tout dépend du domaine d’activité dans lequel se trouve l’entrepreneur. Car quand tout est fermé, c’est difficile d’avancer. Le fait d’intégrer un collectif dans une CAE telle que la nôtre a permis à certains de pouvoir bénéficier de l’activité partielle, grâce aux mesures gouvernementales, ce qui n’était pas le cas quand on est auto-entrepreneur par exemple. Donc ça, c’est un atout quand même.
La coopération, permet de rompre l’isolement de ne pas être seul. C’est la richesse du collectif, de la coopérative qui permet tout ça.
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Entretien réalisé au cours de l’été 2021, par Zoé Moreau.
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