Portrait d’associée – Marie-Françoise Raboisson

PORTRAIT D’ASSOCIÉE #10

Marie-Françoise Raboisson

MARIE-FRANÇOISE RABOISSON, entrepreneure, Charente.

Artiste peintre en décors (Décors peints de fan).

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Peux-tu nous parler de ton métier ?

J’ai toujours aimé barbouiller, créer, tout et rien…

Je fais de la récup’. Transformer, pouvoir garder des choses anciennes (meubles ou objets) mais en les remettant au goût du jour, en les relookant pour que ça prenne une meilleure place dans la maison et que cela corresponde aux goûts de mes clients.

Après mon bac, j’ai fait des études d’art appliqué. C’était des études d’architecture intérieure, dessins d’architecture avec aussi des cours de publicité, maquettes et dessin d’art.

Les tableaux c’est venu par goût, les grandes dimensions aussi. Des clients m’ont demandé de peindre pour des décors de spectacle, c’était vraiment des grandes dimensions. J’aime bien quand c’est en grand. Je préfère peindre avec des gros pinceaux et rouleaux plus qu’avec de tout petits outils.

J’ai été deux fois à mon compte en tant qu’étalagiste, décoratrice (pendant 14 ans) : une fois toute seule et la deuxième fois en SARL. Mon métier m’a amené à réaliser beaucoup de décors de vitrines et de fêtes avec création d’accessoires, décors en volumes 3D.

J’ai aussi travaillé à Leclerc puis Carrefour pour faire la déco. Donc là, dans les magasins, ce sont de grandes dimensions. Je me souviens par exemple d’avoir fait des grappes de raisin qui faisaient 2 m 50 de haut, à accrocher. J’ai fait le château de la Belle au Bois Dormant, autour d’un échafaudage : il y avait un volume de 7 m 50 de hauteur sur 3 étages. Des mises en scènes pour le festival de la BD et bien d’autres réalisations suivant les saisons et les thèmes.

La réalisation de murs peints en trompe-l’œil est une autre facette que j’aime. Chaque projet est différent. C’est un métier passion.

Comment développes-tu ta créativité ? Quel est ton rapport à la création ?

Moi, il suffit qu’il y ait un truc qui traîne, un objet… Mes clients me donnent un thème et c’est parti pour la recherche : trouver comment réaliser le projet en respectant les règles de sécurité. Ce qui me plaît le plus c’est de mener création et réalisation à sa fin pour la satisfaction du demandeur.

J’aime bien tester de nouvelles peintures, de nouvelles techniques, après je partage ça au sein d’ateliers de loisirs créatifs. Je crée le soir, la nuit. Il y a des tableaux qui sont nés tous seuls comme ça, d’une envie de peindre sans savoir ce que j’allais peindre.

Arrives-tu à vivre de ton métier ?

Ça fait quarante ans que je peins. Cela fait trois ans que je me suis relancée après un arrêt d’une dizaine d’années pour des raisons familiales. Quand j’avais essayé de gérer une boutique, avec une associée, nous avions beaucoup trop de charges. Nous étions deux. Impossible de sortir des salaires…

J’ai travaillé en même temps dans d’autres structures pour compléter mes revenus.

Qu’est-ce que ça t’apporte d’être dans la coopérative ?

Au niveau administratif, c’est top, ça. Plus besoin de faire les déclarations de TVA, les bilans… C’est le mieux que j’ai trouvé. J’aurais trouvé ce système-là il y a longtemps je n’aurais pas arrêté. L’artisanat, c’est vraiment trop de charges, tu es tout seul. Tu as beau avoir la Chambre des Métiers, ce n’est pas pareil. Il faut que tu repayes un comptable, une assurance…

Avec la coopérative ce sont des besoins qui sont centralisés, on n’a pas besoin de repayer chacun de notre côté donc ça, c’est un vrai avantage. Si on a des problèmes on peut en parler il y a toujours un membre de l’équipe pour écouter et conseiller.

Moi, je n’ai aucun avantage à m’en aller de la coopérative. Point important : ça compte pour ma retraite alors qu’en tant qu’artisan, ça ne compte pas du tout. Si jamais tu as un pépin pour une raison ou une autre, tu es obligé de cesser ton activité, c’est comme cela que ça s’est passé pour moi, les deux autres fois où j’étais à mon compte.

Ton rapport à l’entrepreneuriat a-t-il évolué depuis que tu as intégré la coopérative ?

Je ne connaissais pas. Je crois qu’il faut faire connaître davantage ce système. Personnellement je l’ai trouvé un peu par hasard et c’est dommage que des organismes nationaux n’en parlent pas et ne le proposent pas en solution.

L’artisanat, tu fais tout, tu payes tout et à la fin du mois il ne te reste rien. Et puis surtout, comme je ne sortais pas grand-chose, je n’avais pas de feuille de salaire : ce qui équivaut à aucune annuité dans le compte professionnel. Il manque des trimestres et il faut travailler encore des années supplémentaires.

De plus, c’est très sympa de pouvoir partager ce que vivent les autres membres : les échanges au niveau du catalogue Le Plongeoir, un moment où chacun apporte ses compétences pour faire avancer le projet…

Y-a-t’il des personnes avec qui tu souhaiterais collaborer ?

J’aimerais bien connaître un peu plus les entrepreneurs de Charente. J’en ai rencontré bien-sûr. Tout le monde travaille beaucoup, ce n’est pas toujours facile. On est en train de monter un jeu parcours avec quiz, Angélique Lamigeon a bien voulu s’investir à mes côtés pour ce projet, c’est super chouette de sa part.

J’ai aussi une histoire qui va avec ce qu’il y a autour de chez moi, ce qu’il y a de local, le patrimoine, un conte un peu féérique aussi. Je pense que je vais l’illustrer, après si j’ai besoin de l’imprimer je me tournerai du côté de la coopérative, s’il y a quelqu’un qui le fait. Si nous avons des métiers complémentaires autant les utiliser.

Est-ce que tu as envie de dire un mot aux personnes qui te lisent et qui hésitent à se lancer ?

Moi je dis que s’ils ne savent pas s’ils doivent se lancer, il existe le contrat CAPE pour essayer. De toute façon ça ne change pas ni le statut qu’ils peuvent avoir à Pôle Emploi ou professionnellement. Si la personne voit que ça ne peut pas fonctionner elle reste libre de ses décisions et peut quitter la coopérative.

C’est une porte qui est entrouverte, où ils peuvent tester la viabilité de leur projet. Personnellement je trouve avoir été bien épaulée dans le mien. Je suis vraiment convaincue que c’était une très belle opportunité une solution idéale pour moi, car je suis restée. Je vous conseille fortement d’envisager cette solution.

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Entretien réalisé au cours de l’été 2021, par Zoé Moreau.
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