PORTRAIT D’ASSOCIÉE #11
Angélique Lamigeon
ANGÉLIQUE LAMIGEON, entrepreneure, Charente
Guide-conférencière (Les Échappées Vertes).
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Peux-tu nous parler de ton activité ? Quel a été ton parcours ?
Je suis guide-conférencière. J’avais commencé par des études de droit, ce qui n’avait rien à voir. Au bout de deux ans, ça ne me plaisait absolument pas. Ce qui m’intéressait et ce que j’aimais beaucoup c’était le patrimoine.
J’aimais beaucoup voyager, découvrir le patrimoine local. Je suis originaire de Charente, je suis très attachée à ma région, mais aussi à la Dordogne. J’ai cherché une formation qui aurait pu correspondre à ces attentes-là et j’ai fait des études de tourisme.
J’ai commencé à travailler en office de tourisme, j’en ai créé un. C’était un assez gros challenge : en milieu rural, il faut relativiser quand même.
Les missions d’un office de tourisme sont l’accueil et l’information, l’animation, la promotion, mais aussi la valorisation du patrimoine. C’était une association qui gérait cet office de tourisme dont j’étais l’animatrice. Je souhaitais faire un petit peu plus d’animations et de valorisation du patrimoine.
Je me suis rapprochée du service patrimoine d’Angoulême, qui organisait des formations permettant de devenir guide-conférencier. Ainsi, j’ai suivi cette formation tout en travaillant, cela a duré un an. C’était en 2001-2002. J’ai réussi l’examen final et j’ai commencé à faire des visites en Sud-Charente et pour la ville d’Angoulême.
Lorsque je suis tombée enceinte, ma vie a vraiment changé, puisque ma priorité c’était ma fille. J’ai décidé de quitter mon travail puis j’ai déménagé, pas très loin. Cependant, je continuais à travailler comme guide-conférencière (en vacations) pour le service patrimoine d’Angoulême.
Ensuite, certains évènements m’ont contrainte à exercer un métier plus alimentaire. Ainsi j’ai pris un autre travail, très différent, dans l’immobilier, plus lucratif.
C’était parfois des crève-cœurs parce que je participais à la vente de très belles maisons anciennes et ce que je voyais avant tout, c’était le patrimoine qu’elles représentaient. Je n’ai pas une fibre commerciale naturelle. Aussi, le côté « inhumain » me déplaisait fortement.
J’y suis restée quand même huit ans, et très ponctuellement je faisais quelques visites pour le service patrimoine d’Angoulême ; après chaque visite, quand je retournais à mon bureau d’agent immobilier, je me disais « qu’est-ce que je fais là ?! »…
En 2014, mon agence immobilière a fermé. J’ai changé de « dizaine » aussi (j’ai eu quarante ans), et depuis trois-quatre ans, je restaurais avec mon mari et mon père une maison familiale. Je me suis dit : je vais m’occuper de ma maison puis je vais vraiment faire ce que j’aime.
Le service patrimoine était toujours en contact avec moi et m’a proposé de travailler plus. Je suis ainsi repartie dans les visites guidées, j’ai déménagé dans ma nouvelle maison en Dordogne. Là, j’ai constaté qu’il y a un patrimoine intéressant dans ce coin méconnu de la Dordogne : c’est beaucoup plus rural mais c’est tout aussi joli. En fait, je voulais partager mon amour pour mon petit coin de paradis.
J’ai une autre passion en plus du patrimoine : j’adore les ânes. Je me suis rapprochée d’une association qui les utilise pour faire de la médiation animale. C’est à dire que les ânes sont un moyen de médiation avec un public parfois difficile, fragile : des personnes en situation de handicap, des enfants, des adultes, des adolescents « compliqués », des personnes âgées…
Mon rêve était de lier les ânes et mon métier dans le patrimoine. J’ai alors décidé d’établir des circuits guidés avec les ânes pour faire découvrir ma région.
Il me fallait une structure pour ce projet. Je ne pouvais pas passer par le service Patrimoine d’Angoulême. Je me suis rapprochée de Consortium Coopérative : je cherchais une SCOP parce que le système juridique me plaisait.
Mon projet, était déjà très abouti. J’avais travaillé sur tous les produits, diversifiés. Je suis devenue « Les Échappées Vertes » et j’étais prête à lancer rapidement les visites guidées avec les ânes. Il ne me manquait qu’une existence juridique.
Pourquoi avoir fait ce choix, plutôt que celui d’auto-entrepreneure par exemple ?
Dans mon entourage j’ai vu beaucoup d’entrepreneurs qui au bout de trois ans se retrouvaient avec beaucoup de charges et devaient mettre la clé sous la porte. Cela m’a complètement rebutée.
J’ai l’habitude de travailler seule mais j’ai quand même besoin de contacts humains. Je voulais garder une certaine indépendance tout en ayant une possibilité de partage de compétences, ce que permet une SCOP.
Parmi les coopérateurs que j’ai rencontrés lors des formations, certains ont des parcours très intéressants et leur professions représentent pour moi un intérêt dans le moyen ou long terme : je pourrai coopérer et monter des projets avec eux.
Qu’est-ce que ça représente pour toi d’être associée ?
Être une partie encore plus intégrante de la coopérative, représenter une voix, pouvoir se faire entendre. J’apporte ma pierre à un édifice qui grandit de plus en plus pour créer quelque chose de très diversifié. Je trouve la démarche belle.
Qu’est-ce que tu peux souhaiter à la coopérative pour les prochaines années ?
Qu’elle se développe encore plus, mais finalement pas trop, parce si la machine devient trop grosse cela pourrait être lourd à gérer et la coopérative pourrait perdre son « âme » d’origine en chemin… Cela peut créer des dysfonctionnements.
Et qu’il y ait également de plus en plus de diversité de talents. Cela ne peut être que bénéfique !
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Entretien réalisé au cours de l’été 2021, par Zoé Moreau.
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