PORTRAIT D’ASSOCIÉE #5
Cassandre Faugeroux
CASSANDRE FAUGEROUX, entrepreneure, Vienne.
Illustratrice et éducatrice nature (Cocci.lune).
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Peux-tu nous parler de ton métier ? Est-ce un métier que tu as toujours voulu faire ?
Oui, j’ai toujours dessiné, je dessine depuis longtemps. J’ai exploité le dessin de plein de manières différentes et j’ai eu différents statuts.
En plus de dessiner, à la fin de mes études, j’ai commencé à voyager et à partager le dessin. Après j’ai mis en complémentarité l’animation, le partage de choses plutôt artistiques avec les gens, et le dessin. À côté de ça, j’ai toujours eu des projets artistiques.
J’ai plutôt voyagé en Afrique et en Équateur. Je pense que l’Afrique m’a inspirée dans les couleurs et les matières que j’utilise. L’Équateur je dirais que c’est beaucoup dans le graphisme. J’ai été assez inspirée, j’ai découvert les tableaux d’Amérique Latine qui sont très naïfs, beaucoup de graphisme et je pense que ça m’a influencée…
Quel est ton rapport à la création ? Comment développes-tu ta créativité ?
Je vais dehors. Aujourd’hui je fais de l’animation dehors : en fait, je dirais que je fais de l’éducation à l’environnement avec une approche artistique.
C’est à dire qu’au lieu d’apprendre le nom des petites bêtes ou d’avoir une approche très scientifique de la nature, on va plutôt découvrir la nature avec toutes ses richesses : les couleurs qu’elle porte, ce qu’on peut fabriquer avec, sa beauté, ce qu’elle nous inspire…
Quand as-tu rejoint Consortium Coopérative ?
C’était il y a quatre ans maintenant. Je les ai rejoints parce que j’étais dans une activité qui se développait bien.
Au départ j’ai commencé à travailler dans des structures, ensuite j’ai arrêté. Je me suis mise en indépendante, mais je n’avais plus cette relation, ce contact, j’étais toute seule et j’avais besoin d’avoir un accompagnement. Aussi bien pour tout ce qui est papiers, que pour avoir un statut un peu plus fixe aussi : avoir une meilleure vision de ce que je fais et puis de ne pas avoir à rentrer dans les cases, en fait.
La coopérative me permet d’accepter n’importe quel projet, de construire les projets en fonction de mon évolution artistique. J’étais en micro-entreprise, en « artiste libre », on appelle ça. C’est beau aussi, mais c’était un peu trop libre.
Le fait d’avoir un salaire, ça permet de vraiment te dégager des temps où tu te dis « là j’ai un salaire, donc si j’ai envie de faire un projet artistique, je sais que j’ai deux mois où mon salaire est assuré », ça me permet de faire autre chose. Alors qu’en « artiste libre » on peut avoir de l’avance au niveau financier, mais souvent c’est pour rembourser des dettes en fait. Ce n’est pas la même… en tout cas pour moi ça fonctionnait comme ça (rires).
Qu’est-ce que ça représente pour toi, d’être associée ?
Je ne me voyais pas partir de la coopérative. C’est un choix de vouloir rester parce que je trouve qu’au bout d’un moment – on a créé notre entreprise, elle fonctionne bien – je trouve ça normal de pouvoir la partager ensuite avec les autres, dans un esprit coopératif. Ouais, c’est vraiment un choix de rester, je n’ai vraiment pas du tout l’intention de partir.
Que signifie pour toi le terme de « coopération » ?
Ce serait partager, transmettre, avoir aussi un accompagnement. Après, dans la coopération aussi, il y a l’idée de pouvoir être soudés en tant qu’entrepreneurs. Parce que quand l’un d’entre-nous a des questions et tout, on se répond quand même assez vite. Partager des projets aussi.
As-tu déjà collaboré avec d’autres membres de Consortium Coopérative ?
Oui, j’ai fait un peu partie de Plage 76 et puis du Plongeoir.
J’aimerais pouvoir partager plus de projets avec d’autres coopérateurs parce que je sais qu’il y en a quelques-uns avec qui j’aimerais bien travailler. Dans les artistes, dans les copains de Plage 76 , pourquoi pas. Je ne sais pas moi, monter des projets artistiques à deux où il y en a plutôt un qui dessine et un autre qui crée…
Je sais que Tita Guéry est quelqu’un qui est portée sur les mêmes thématiques que moi, mais qui dessine complètement différemment. Donc ça pourrait se rejoindre à un moment donné.
Qu’est-ce que la coopérative t’apporte professionnellement comme personnellement ? Et toi, que penses-tu apporter à la coopérative en retour ?
Je pourrais dire que j’apporte mon enthousiasme, parce qu’il y a deux-trois copains qui m’ont suivie et qui sont venus à la coopérative. Mon engouement aussi parce que je suis convaincue par cette philosophie, ce principe de coopération.
La coopérative donne un appui : quand j’étais toute seule en « artiste libre », j’ai mis du temps à me faire connaître. Depuis, j’ai travaillé pour les gens des Usines qui n’étaient pas dans mon réseau avant. On discute, on se montre nos boulots, dès qu’on a un projet pour l’autre on se dit « tiens, je bosserais bien avec cette personne ».
Est-ce que ton rapport à l’entrepreneuriat a évolué depuis que tu fais partie de Consortium Coopérative ?
Avant je me sentais seule, c’était surtout devant les papiers… Et puis en plus j’ai besoin d’avoir des ultimatums. Là c’est génial, c’est la coopérative qui m’en met alors que toute seule je ne m’en mets pas, je repousse sans arrêt.
Ouais, et puis quand même ça m’a fait évoluer dans mon métier, dans la vision de ce que j’avais créé. Parce que quand je dis que je suis éducatrice art et nature, au départ personne n’avait trop cette entité-là. Maintenant j’ai un statut et je suis assise dans ce métier-là, si je l’ai inventé ce n’est pas grave quoi. Alors que toute seule, je pense que je n’avais pas le même aplomb.
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Entretien réalisé au cours de l’été 2021, par Zoé Moreau.
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